Dernières nouvelles sur le front de la télévision en France : les chaînes thématiques vont demander une loi sur la numérotation des chaînes sur le bouquet unique Canalsat-TPS… depuis quand légifère-t-on sur la place d’un produit dans un linéaire de magasin ? Un bouquet est un distributeur qui se doit de satisfaire ses abonnés, en particulier en leur offrant un service de zapping qui a un sens. A l’époque chez TPS, j’avais mis en place le premier plan de service thématique, où toutes les chaînes étaient rangées selon leur thème. Système très vite copié par Canal, BSkyB et aux Etats-Unis. Bien sûr, la tentation de l’actionnaire est grande de placer ses chaînes en début de plan de service, pour accroître leur audience et donc leurs recettes publicitaires. Mais comme dans toute optimisation, s’il y a divergence, c’est la satisfaction des abonnés du bouquet qui doit primer, car c’est ce qui rapporte le plus. C’est en tout cas ce que voudrait la loi d’un marché libre.
Cette demande des chaînes traduirait-elle leur peur de ne pas être de suffisamment bonne qualité pour attirer le téléspectateur ? Et alors, réflexe français, on demanderait à l’Etat une loi pour protéger sa médiocrité éventuelle? Pourtant, en radio (dont sont issus plusieurs des groupes demandeurs !), l’ordre des fréquences que suit le poste récepteur est bien plus compliqué… il est vrai que dans ce cas l’utilisateur est roi, puisqu’il choisit de mettre en mémoire ses stations préférées. Fonctionnalité que proposent déjà les guides de programmes numériques des bouquets : que veut-on de plus ?
Dans un genre à peine différent, le nouveau bouquet ne compte pas proposer la commercialisation individuelle de ses chaînes aux opérateurs d’accès Internet. Parce qu’il a peur de les voir faire son métier d’agrégateur… Et oui, ce rapprochement TPS CanalSat pose une vraie question : quel est le métier du nouvel ensemble ? Agrégateur ? De quoi ? De programmes ou de chaînes ? La question n’est pas si anodine qu’elle en a l’air : la chaîne de télévision est un agrégateur utile dans un monde de diffusion. Dans un monde de connexion, la meilleur manière d’agréger des programmes reste à inventer, mais a probablement plus à voir avec un Google qu’avec un Cinestar… Tiens, d’ailleurs Google vient d’annoncer un partenariat avec MTV… pour distribuer les programmes de la chaîne en VOD !!!
Alors, surtout, gardons-nous en France de légiférer pour protéger les business en voie d’évolution : ce serait une méthode certaine pour bloquer l’innovation, pourtant chère à nos gouvernants. Pendant ce temps, le reste du monde avance.
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