Une nouvelle valeur est en train d’apparaître dans la chaîne de valeur du multimédia : le « médiateur global » qui proposerait à ses clients une « mise en relation universelle »… Qui saura se saisir de cette opportunité ?
Les opérateurs mobiles conviennent que leurs revenus voix et SMS plafonneront inexorablement. Pour ne pas devenir de simples tuyaux concurrencés par les réseaux WiFi et autres WiMax, devraient-il s’investir, comme certains le préconisent, dans le développement de sites convergents fixes-mobiles ou la maîtrise de contenus via des accords coûteux avec les producteurs ?
Certes, les nouvelles technologies numériques permettent de repenser la répartition de la chaîne de valeur du multimédia, faut-il pour autant viser la niche de son voisin ? N’y a-t-il pas des opportunités nouvelles à créer ? Pire, les pistes « classiques » ne cacheraient-elles pas des pièges ?
Revenons aux fondamentaux : la révolution en cours dans le monde des télécoms est celle de la « mise en relation » universelle et permanente quel que soit le lieu et l’endroit, au meilleur coût. Elle ne sera achevée que lorsque chacun d’entre nous aura une expérience fluide de cette mise en relation entre lui-même et le reste du monde, c'est-à-dire, par exemple, lorsqu’il n’aura plus à faire le choix du réseau qu’il utilise pour téléphoner selon le lieu où il se trouve (VoIP, téléphonie fixe, mobile, ou, pour prendre un exemple concret, entre Skype, France Telecom et SFR), lorsque tous les outils de communication seront disponibles (et adaptés) sur tous les terminaux ou encore lorsqu’il n’aura plus à gérer diversement ses contenus selon leur source (guide de programmes, borne DVD, site VOD ou disques durs divers (du décodeur TV, du PC ou du baladeur vidéo !) pour la télévision, baladeur, web radios, CDs ou FM pour la musique, etc…).
On pourrait considérer cette vision comme une convergence inutile : pourtant, si l’on pouvait gérer jusqu’à ces dernières années deux ou trois sources de contenus et un ou deux téléphones, deux phénomènes incitent aujourd’hui à la simplification : la multiplication des opportunités de communication (emails, SMS, chat, blogs, visiophonie…), et le développement des échanges poussé par celui des communautés.
Cette vision serait-elle un voeu pieux ? Certains opérateurs de télécoms travaillent déjà sur la fusion des tuyaux, dite « quadruple play », qui englobe aussi dans certains cas une fusion des services (le paiement par mobile par exemple comme au Japon avec NTT depuis quelques mois, suivi bientôt par KDDI), voire une unification des interfaces logicielles.
Ainsi cette convergence construit bien une « mise en relation » universelle.
On en comprend aisément l’intérêt économique : l’acteur qui permet – et maîtrise- la mise en relation universelle de ses clients, a une position de force dans les secteurs marchands et publicitaires.
Cependant, si les opérateurs mobiles ont les moyens d’investir cette position à partir des infrastructures, des terminaux et de leurs portefeuilles clients, d’autres candidats se positionnent déjà sur ce créneau : ils viennent du monde de l’Internet (Google avec Gmail, eBay avec Skype), de celui des contenus (Sony avec GrouperNetworks), de celui des médias (Sky avec MySpace), et même de celui des fournisseurs (Cisco avec Arroyo, Nokia avec Loudeve).
Dans ce rôle de médiateur global, il y a bien sûr de la place pour plusieurs acteurs majeurs, venant d’univers variés.
Le chemin est long et difficile pour tous les candidats, néanmoins on peut se demander si, en négociant des achats de droits sportifs ou musicaux, certains opérateurs mobiles ne se tromperaient pas de combat…